Vincent Bonte, illustrateur — paysages

Le banal, le pictorialiseme

Cadrage, dé-cadrage, recadrage

J’ai cassé mon appareil photo. Aaaah ; je me rabats sur un petit appareil, un jouet. Il se fixe sur des lunettes. Mais je l’utilise sans. Il n’a pas de viseur, prend dix-huit images de 640 sur 380 pixels, le déclencheur se trouve sur une poire au bout d’un fil. Enfin l’objectif est en plastique. Cette optique en plastique, nimbe la photo d’une douce lumière, floute la périphérie de l’image. La compression JPEG pixelise. Le fait que l’appareil ne soit pas muni de dispositif de visée rend le cadrage approximatif et pousse à « balayer » et à assembler les clichés.

Avec dans l’idée d’assembler les clichés.

Cette manipulation engendre une bordure qui suit les différentes prises de vue mais aussi la projection nécessaire à leur fusion. Le rectangle initial du capteur s’en trouve ici remis par la géométrie à la perception projective du spectateur. Le mystère artificiel dû à la mauvaise qualité de l’objectif (en plastique) nimbe d’un flou étrange les images et elles deviennent immédiatement « anciennes ». Les détails disparaissent, d’inattendues dispersions entoure le sujet. Une lumière veloutée enveloppe les paysages. Les lointains disparaissent, le non-sujet devient le support et la matérialité de l’image, le propos. L’assemblage des clichés, tirés en « panoramiquant », occasionne la déformation des bords lors des opérations de projection. Le bord, la forme du bord devient partie prenante du cliché et pas seulement comme limite du hors champs mais comme témoin d’une géométrie, frontière entre la prise de vue et le spectateur, un jalon perspectif dont l’appareil photographique en est un instrument.

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